C'est un pavé (1105 pages dans l'édition de poche), un livre-monde proposant une expérience de lecture inédite s'adressant probablement aux lecteurs expérimentés.
On est à Londres en 1944, sous les bombardements et parmi les officines d'espionnage, plus tard à Peenemünde et à Berlin : si l'ambiance fait penser à certains romans de Céline, l'écriture post-moderne trouve plutôt sa filiation chez James Joyce (auquel il est fait allusion p. 378), dans un style qui trouve sa voix originale du côté des ruptures incessantes du fil narratif et de la profusion des personnages et des situations : un texte explosif à plus d'un titre, un John Le Carré sous acide susceptible de briser en mille morceaux le lecteur lui-même (mais pas autant que Finnegans Wake de Joyce).
Slothrop, le héros ithyphallique de ce délire sous les bombes, se promène dans l'Europe d'après-guerre déguisé en Rocketman et en cochon rose et apprends à jouer de la cornemuse. L'arc-en-ciel de la gravité, c'est probablement la parabole, l'arc que constitue le trajet des fusées V1 et V2 entre Peenemünde et Londres. Le mot parabole a aussi un autre sens en littérature...
Un grand livre dans l'histoire de la littérature américaine. Pour les Indiana Jones de la lecture qui voudraient se lancer dans l'aventure, les articles de Wikipedia intitulés "Thomas Pynchon", "L'arc-en-ciel de la gravité" et "Littérature post-moderne" constituent une bonne préparation à cette lecture.
Pynchon, Thomas - L'arc-en-ciel de la gravité - Points Seuil 2010
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