L'auteur
déménage, au sens propre et pas de n'importe quel endroit : depuis la
rue de l'Odéon.
Cela est l'occasion de rappels du passé mythique (pour
les lettrés) de cette rue, entre "La maison des amis des livres" et
"Shakespeare et Cie", entre Sylvia Beach et Adrienne Monnier, et Joyce
bien sûr.
Mais ce départ est aussi l'ouverture d'une boîte de Pandore,
celle de la mémoire liée à chaque objet, à chaque livre, car Rolin
déménage aussi une bibliothèque bien achalandée : on voyage ainsi en
Afrique avec le père de l'écrivain, en Asie avec ses traductrices, en
Russie avec le souvenir de ses lectures de Chalamov et de Tchekov, à
Buenos-Aires avec Ernesto Sàbato, à Pékin avec... Proust, etc.
Mais cela
va plus loin : on se rend compte au milieu du livre que la pensée de la
mort est discrètement présente : l'écrivain-voyageur a plus de 70 ans,
celui qui possède une bibliothèque sait qu'il va mourir, car il sait
qu'il ne pourra pas tout lire...
On a donc là un beau livre mélancolique et même émouvant par moments
(les pages sur Tchekhov...), très bien écrit, porteur d'une belle
confiance dans la littérature.
Rolin, Olivier - Vider les lieux - nrf Gallimard 2022
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