Troisième
livre autobiographique dans lequel Ernaux reste dans la forme classique
du roman. Toujours avec courage et bien avant l'ère post-metoo, elle
décrit entre autres choses la charge mentale et l'inégalité des tâches
dans le couple. Il faut citer la très belle première phrase du livre qui
le résume bien : "Femmes fragiles et vaporeuses, fées aux mains douces,
petits souffles de la maison qui font naître silencieusement l'ordre et
la beauté, femmes sans voix, soumises, j'ai beau chercher, je n'en vois
pas beaucoup dans le paysage de mon enfance."
Nous, on apprécie l'ordre et la beauté du texte d'une auteure insoumise,
qui n'a pas encore trouvé dans ce troisième roman la voix qui la rendra
célèbre, mais propose déjà un texte fort et courageux narré - au début
du roman - au moment où elle n'a "pas encore honte de ne pas être la
fille de gens normaux" et alors qu'on ne lui a pas encore inculqué
"cette idée que les petites filles sont des êtres doux et faibles,
inférieurs aux garçons."
Les comportements, les mots, les injonctions à la soumission, la
surveillance permanente du corps sont décrits précisément, tous ces
événements de langage et du quotidien qui l'amèneront à devenir - elle
le découvrira dans le mariage - la femme gelée. Un beau livre au propos
toujours actuel.
Ernaux, Annie - La femme gelée 1981 - Folio Gallimard
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