Dès
la première page on est dans l'ambiance Modiano : les rues et quartiers
de Paris dans un passé indéfini reconstruit comme un puzzle, des
numéros de téléphone des années 50, la mémoire et la photographie, la
lumière voilée des mois de novembre et décembre, des personnages aux
contours flous voire peu recommandables, la présence de personnages
historiques réels (ici, l'éditeur Maurice Girodias).
La phrase : "Voilà qu'un instant du passé s'incruste dans la mémoire
comme un éclat de lumière qui vous parvient d'une étoile que l'on croit
morte depuis longtemps." semble résumer le livre, et peut-être aussi
tous les livres de Modiano.
La critique selon laquelle Modiano semble écrire toujours le même livre
tombe si on veut bien considérer son œuvre comme prenant la forme chère
aux musiciens du "thème avec variations".
La surprise vient ici de ce qu'il insère dans cette histoire un thème
contemporain dont on laisse la surprise, dans une époque indéfinie mais
plus proche des années 70.
L'économie de moyens avec laquelle écrit Modiano (96 pages pour ce livre
dans un style concentré) semble le placer aux antipodes de Proust : il
lui suffit de quelques mots pour décrire de manière critique et
saisissante le Paris contemporain, comparé à un immense duty free.
Un petit livre parfait.
Modiano, Francis - La danseuse - nrf Gallimard 2023
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