Flaubert – Salammbô – 1862
L’objet du désir, c’est d’abord, pour Mâtho, Salammbô elle-même, couverte de vêtements noirs, dont l’apparition va se transformer pour lui en obsession. C’est ensuite la ville de Carthage - ses jardins, ses temples et autres richesses - que les barbares contemplent depuis l’extérieur, sous les murs de la cité. C’est aussi le voile de Tanit (le Zaïmph), dont Mâtho se recouvre comme une seconde peau, à la fois une enveloppe protectrice le rendant invulnérable mais aussi une peau psychique, constituant d’abord – sous forme de l’épouvante - une limite à sa pensée.
L’objet du désir, pour le lecteur flaubertien, c’est le langage lui-même, c’est la prose poétique du grand Gustave, prose précise et moderne qui nous transporte avec délices sensuels, violents et baroques au IIIᵉ siècle av. JC dans les temples de Salammbô et qui permet à l’auteur de Madame Bovary (1856) de s’échapper avec éclat de « l’ignoble réalité, dont la reproduction vous dégoûte », réalité à laquelle il reviendra ensuite avec l’Éducation sentimentale (1969).
Allez, c’est parti, embarquez pour le bruit et la fureur antiques avec un début célèbre : « C’était à Mégara, faubourg de Carthage, dans les jardins d’Hamilcar... »
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