Le
"Giotto" de Marcelin Pleynet, édité en 1985 et réédité en
2013, deviendrait-il un classique de l'histoire de l'art ?
Pleynet y analyse l'art du maître italien à la lumière de l'apparition à
la fin du XIIIème siècle du dogme du purgatoire. Il le fait en s'appuyant sur les travaux de l'historien Jacques Le Goff
(La naissance du purgatoire, 1981), et en rappelant la présence de
Giotto et Cimabue dans la "Divine comédie" de Dante, œuvre poétique
contemporaine de l’œuvre picturale de Giotto.
Il montre ainsi comment le passage d'un paradigme binaire (Enfer et
Paradis) à une vision ternaire (Enfer, Purgatoire, Paradis) laisse un
espace imaginaire grand ouvert à Giotto pour peindre les fresques de la
chapelle Scrovegni à Padoue pendant que, non loin de là, l'Alighieri
écrivait son "Enfer".
Un espace à deux dimensions est ainsi subverti par le poète et le
peintre : les artistes témoignent des bouleversements historiques et de
la pensée de leur époque.
Cette manière d'analyse permet d'éviter les anachronismes et c'est une
leçon : la nécessité difficile de toujours faire l'effort de replacer
dans la pensée mouvante de son époque la production et les comportements
d'un artiste.
L'édition Hazan du livre de Pleynet est richement illustrée et dans un
format presque de poche, ce qui le rend accessible à tous.
Marcelin Pleynet. Giotto. Hazan 2013
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