L'écriture
de Claro sort les choses de leur immobilité pour les transformer en
fantasmes littéraires, pour les animer et les personnifier par la langue
écrite et les mettre en récits.
Ces fragments - une page pour chaque objet - semblent se transformer en
prose poétique, quelque part entre Henri Michaux et Francis Ponge :
c'est clair pour ce dernier, puisque la page 42 est consacrée au savon. À
moins qu'on ait là les fausses pistes d'une lecture paresseuse...
Mais ces choses ne sont pas que des objets : on trouve le couteau, la
bougie, la passoire, mais aussi l'eau, le visage, le silence en soi...
il y a même la brume, et la corde pour se pendre (un souvenir du
"Sonneur" de Mallarmé ?).
Dans ce livre ou le verre devient "de l'eau prise dans sa propre
transpiration", ces choses sont désignées comme étant des matières, ce
qui fait perdre son latin, à la fin, à la table du même nom.
Cette phénoménologie si particulière nous offre des phrases inattendues
:
À propos de l'eau : "Dans ton café, même, elle complote, suçant le marc
pour en chasser l'amer".
À propos de la bûche, l'humour est lié au jeu des assonances et
allitérations : "...la voilà nue et froide à même le sol, chacune de ses
fibres ressassant ce que seule une bûche saurait ressasser - et qu'on
ne saura pas".
Quand à la clé, "Où l'égarer est notre seul souci".
On s'égare donc volontiers dans ces petites narrations dont on se
demande si, dans le fond, elles ne contiendraient pas un peu de pensée,
de philosophie.
Une note de sonneur bio (pour inviter à lire un livre et un auteur que j'apprécie)
rédigée à la main : peut-être avec peu d'intelligence, mais au moins,
elle n'est pas artificielle...
Christophe Claro. Tout autre chose. Éditions Nous 2023
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