Ceux
qui s'attendent à une lecture romantique seront ici déconcertés :
Wuthering Heights est d'abord un livre de violence, de mort et de
vengeance, au propos plus proche de Sade que de Chateaubriand, et à
l'atmosphère rappelant les meilleurs romans gothiques du XIXème siècle.
Dans "La littérature et le mal", Georges Bataille y voit non seulement
"l'un des plus beaux livres de tous les temps" mais aussi que, "le mal
incarné dans le livre d'Émily Brontë, apparaît peut-être sous sa forme
la plus parfaite".
Il faut donc bien entendre les paroles du mal : "Je n'ai pas de pitié,
je n'ai pas de pitié ! Plus je vois un ver de terre se tortiller sous ma
semelle, plus j'ai envie de lui écraser les entrailles !"
Le relire aujourd'hui, c'est re-découvrir un récit étrange, moderne, à
la narration nerveuse et orageuse, avec des pages à citer en exemple
dans un traité de psychiatrie concernant l'ambivalence et le clivage,
l'amour et la haine, ou un traité de sociologie concernant les rapports
de domination entre classes sociales et entre hommes et femmes. Le livre
est riche de plein d'autres thèmes, par exemple ceux de l'avidité et de
la répétition mortifère, ou la violation des tabous anthropologiques,
qui pourraient intéresser les psychanalystes. L'application avec
laquelle certains personnages se dirigent vers leur destin funeste
indique la tragédie grecque comme modèle sous-jacent possible.
Cette description laisse entendre que toute version abrégée destinée à
la jeunesse de cette œuvre puissante est vouée à dénaturer le texte
original.
Ah oui, "Jane Eyre" de Charlotte Brontë, quoique différent, c'est pas
mal non plus...
Brontë, Emily - Hurlevent (Wuthering Heigts) - Folio Classique
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire