Deuxième
inédit de Céline après "Guerre" dont j'ai déjà parlé sur sonneur.fr,
Louis-Ferdinand flirte encore avec l'abject et l'ignominie dans ce
"Londres" dont l'histoire se déroule dans les bas-fonds de la
prostitution vers 1916. Certes l'ignoble n'atteint pas les degrés
infâmes des essais antisémites (à supposer qu'on puisse donner ici une
mesure des degrés de l'ignoble, ce qui n'est pas évident), mais le moins
qu'on puisse dire est que les obsessions de l'auteur (même s'il ne faut
pas confondre les dits des personnages et ceux de l'écrivain) ne sont
pas en phase avec l'ère post-metoo. Ce livre pour céliniens connaisseurs
et lecteurs avertis constitue néanmoins un document important dans la
réévaluation actuelle de l'œuvre du Dr Destouches, ainsi que comme
témoignage du processus d'écriture, cet ouvrage étant manifestement un
travail en cours. Il en est ainsi avec le paradoxe Céline : le lecteur
qui apprécie les deux chefs-d'œuvre que sont "Voyage au bout de la nuit"
et "Mort à crédit" et aime ses romans d'après guerre, et veut
approfondir sa connaissance de l'œuvre devra aussi affronter des écrits
débordant les limites de la littérature jusqu'à l'illisible, sans
pouvoir résoudre le paradoxe.
Céline, Louis-Ferdinand - Londres - nrf Gallimard 2022
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