mercredi 17 janvier 2024

Autolyse de l'oaristys

Voici un texte performatif, dont les mots détruisent ce dont ils parlent. Inventeur du terme "autofiction" après son livre "Fils" 1977, Doubrovsky, dans ce "Livre brisé" 1989, met lui-même en évidence les limites du genre qu'il a promu, en décrivant, dans un style situé quelque part entre Céline et Philip Roth, des événements dont c'est la narration elle-même qui amènera à leur brisure. Conversation amoureuse à New-York agrémentée de belles pages sur Sartre, l'auteur avoue que le romancier, dès qu'il a la plume en main, est tenté d'être méchant, mais le texte de Doubrovsky a aussi une dimension auto-destructrice pour son auteur. Il reprend aussi à son compte la célèbre citation de Proust : "La vraie vie, la vie enfin découverte et éclaircie, la seule vie par conséquent réellement vécue, c'est la littérature." Brisure tragique dans le réel, mais relative dans le champ littéraire : le livre eut du succès et remporta le prix Médicis en 1989. 
Très fort ou insupportable ? Probablement les deux ensemble. 
Page 215 : "Si les personnages commencent à protester contre l'auteur, à se rebeller contre lui, on ne pourra plus écrire."
 
Serge Doubrovsky. Le livre brisé. Les Cahiers Rouges. Grasset 2012
 



 
 

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