Il
y a une bombe dans un baluchon, prête à être armée, une boîte de
sardines qui ressemble plus à une boîte de Pandore ; il y a aussi un
héros qui se promène sur les quais déguisé en domino rouge et son père
comme victime désignée pour un attentat, traqué par des révolutionnaires
; il y a aussi de la neige et du brouillard sur les ponts de la Neva,
ainsi que des rêves qui viennent troubler la réalité.
Dans ce grand roman russe du début du XXème siècle, Andréi Biély
(1880-1934) déploie un style à la fois fantaisiste, distancié et
facétieux mais aussi très poétique et onirique, quelque part entre
Boulgakov et les grands stylistes de l'époque, dans un récit étonnant
dans lequel le personnage principal est la ville de Saint Petersbourg à
un moment d'ébullition révolutionnaire, à une époque où Stravinsky
n'avait pas encore quitté la ville, composant ses premières œuvres sous
l'œil intéressé de son maître Rimsky-Korsakov et sous le regard
goguenard et admiratif de Glazounov ; une période pendant laquelle Freud
inventait la psychanalyse à Vienne après avoir développé sa science des
rêves, quelques années avant que le manifeste du surréalisme ne
remplace celui du parti communiste... Peut-être que tout cela est relié,
allez savoir.
Oui, un grand roman russe.
Biély, André - Petersbourg 1928 - Classiques slaves Éditions l'Âge d'homme
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