Ernaux
commence fort avec une scène difficile dès le début de son premier
roman, et questionne dès le départ la littérature en se demandant
pourquoi il n'y a rien dans les livres qu'elle étudie pour une jeune
fille de vingt ans sortant de chez la faiseuse d'anges : "Il n'y a rien
pour moi là-dedans sur ma situation, pas un passage pour décrire ce que
je sens maintenant". Elle répond en posant quelques bases de son œuvre à
venir : l'abord sans fards de questions féminines intimes, le
questionnement du langage du transfuge de classe et les questions de
pouvoir et de domination, la possibilité de toucher l'universel à partir
de l'histoire individuelle...
La violence des mots sert à commencer ici "l'ethnographie de la violence
symbolique" qui sera le sujet de ses livres à venir, un abord
littéraire de ce qui sera théorisé par la sociologie de Bourdieu.
Relire ce texte fort alors qu'on connaît la suite est fort intéressant,
l'autrice gardant encore la forme de la fiction et du roman dans ce
premier livre, commençant un questionnement sur la langue qui mettra
plusieurs livres pour trouver la forme qui sera la base des œuvres
suivantes.
Le début épatant d'une œuvre majeure. À suivre...
Ernaux, Annie. Les armoires vides. Folio Gallimard
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