mardi 16 janvier 2024

Ernaux 1974 (faux trésors)

Ernaux commence fort avec une scène difficile dès le début de son premier roman, et questionne dès le départ la littérature en se demandant pourquoi il n'y a rien dans les livres qu'elle étudie  pour une jeune fille de vingt ans sortant de chez la faiseuse d'anges : "Il n'y a rien pour moi là-dedans sur ma situation, pas un passage pour décrire ce que je sens maintenant". Elle répond en posant quelques bases de son œuvre à venir : l'abord sans fards de questions féminines intimes, le questionnement du langage du transfuge de classe et les questions de pouvoir et de domination, la possibilité de toucher l'universel à partir de l'histoire individuelle... La violence des mots sert à commencer ici "l'ethnographie de la violence symbolique" qui sera le sujet de ses livres à venir, un abord littéraire de ce qui sera théorisé par la sociologie de Bourdieu. Relire ce texte fort alors qu'on connaît la suite est fort intéressant, l'autrice gardant encore la forme de la fiction et du roman dans ce premier livre, commençant un questionnement sur la langue qui mettra plusieurs livres pour trouver la forme qui sera la base des œuvres suivantes. Le début épatant d'une œuvre majeure. À suivre...
 
Ernaux, Annie. Les armoires vides. Folio Gallimard
 
 

 

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