Après avoir évoqué son père dans "La place", Annie Ernaux parle de sa mère
dans ce cinquième livre, le second de la veine autosociobiographique. Là
aussi, l'écriture énonce son propre projet : "Je vais continuer
d'écrire sur ma mère. Elle est la seule femme qui ait vraiment compté
pour moi et elle était démente depuis deux ans." et plus loin, elle
précise : " Ce que j'espère écrire de plus juste se situe sans doute à
la jointure du familial et du social, du mythe et de l'histoire. Mon
projet est littéraire, puisqu'il s'agit de chercher une vérité sur ma
mère qui ne peut être atteinte que par des mots." mais le projet global
d'écriture semble vouloir se radicaliser :"... je souhaite rester, d'une
certaine façon, au-dessous de la littérature. "
Tout est dans ce " une certaine façon " car en vérité, Annie Ernaux
réussit encore une fois, grâce à la précision de son style (" il n'y
aura jamais aucun autre récit possible, avec d'autres mots, un autre
ordre des phrases "), à nous intéresser et nous émouvoir avec une
histoire individuelle capable de nous toucher tous.
Ernaux, Annie - Une femme 1987 - Folio Gallimard
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