mercredi 17 janvier 2024

Fraises au champagne

"Les œuvres complètes de A. O. Barnabooth" comprennent le conte "Le pauvre chemisier", les "Poésies" et le "Journal intime", censés être écrits par le personnage fictif qui donne son nom à l’œuvre, et on doit s'étonner de ne les trouver que dans des éditions séparées de nos jours. Je les lis donc dans la deuxième édition complète Gallimard datant de 1948. 
Barnabooth nous dit dans les poésies qu'il écrit toujours avec un masque sur le visage. Comme certains de ses personnages, il est "un perpétuel évadé de tous les milieux".  Ce livre du début du XXème siècle est celui des voyages dans toute l'Europe, des malles transportées dans les trains et les bateaux, celui de la fuite éperdue d'aristocrates cosmopolites polyglottes désabusés, capables de citer Dante en langue originale et tentant d'échapper à un destin balisé.  
On le lit en se croyant allongé dans un fauteuil club anglais, ou dans un salon du Ritz, à la terrasse du Florian sur la place Saint-Marc ou sur un ponton à Trieste. Valery Larbaud a réussi son échappée en devenant le traducteur et l'introducteur en France de l’œuvre de James Joyce, et en écrivant dans un style savant le grand livre du désenchantement de son époque, tempéré par un humanisme discret.  
Ça se lit en écartant de la main la fumée du cigare et en faisant attention de ne pas renverser le verre de Cognac. Pas trop forte, la musique de Mozart, s'il-vous-plaît...
 
Valery Larbaud. A.O. Barnabooth. Ses poésies, son journal intime. Le pauvre chemisier. nrf Gallimard 1948 
 



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