"Les œuvres complètes de A. O. Barnabooth" comprennent le conte "Le pauvre
chemisier", les "Poésies" et le "Journal intime", censés être écrits par
le personnage fictif qui donne son nom à l’œuvre, et on doit s'étonner
de ne les trouver que dans des éditions séparées de nos jours. Je les
lis donc dans la deuxième édition complète Gallimard datant de 1948.
Barnabooth nous dit dans les poésies qu'il écrit toujours avec un masque
sur le visage. Comme certains de ses personnages, il est "un perpétuel
évadé de tous les milieux".
Ce livre du début du XXème siècle est celui des voyages dans toute
l'Europe, des malles transportées dans les trains et les bateaux, celui
de la fuite éperdue d'aristocrates cosmopolites polyglottes désabusés,
capables de citer Dante en langue originale et tentant d'échapper à un
destin balisé.
On le lit en se croyant allongé dans un fauteuil club anglais, ou dans
un salon du Ritz, à la terrasse du Florian sur la place Saint-Marc ou
sur un ponton à Trieste.
Valery Larbaud a réussi son échappée en devenant le traducteur et
l'introducteur en France de l’œuvre de James Joyce, et en écrivant dans
un style savant le grand livre du désenchantement de son époque,
tempéré par un humanisme discret.
Ça se lit en écartant de la main la fumée du cigare et en faisant
attention de ne pas renverser le verre de Cognac. Pas trop forte, la
musique de Mozart, s'il-vous-plaît...
Valery Larbaud. A.O. Barnabooth. Ses poésies, son journal intime. Le pauvre chemisier. nrf Gallimard 1948
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