Ce qui entraîne le lecteur, c'est d'abord le style si particulier de l'écriture de Mauvignier, fait de longues phrases sinueuses et serpentantes - mais rien à voir avec Proust - qui englobent aussi bien les fragments de dialogues que le flux de conscience des personnages et des pans de leur passé, ainsi que l'emploi d'un futur de narration venant faussement anticiper les évènements et créant une distance - celle de la fatalité, le suspense venant plus de la révélation progressive de la psychologie des personnages et de leurs relations et moins des événements inattendus, l'étirement des situations allant à l'encontre de cette forme convenue de suspens, le récit embarquant le lecteur dans un faux polar - la forme du thriller qu'en même temps il remet en cause et étend, ce qui peut-être constitue les limites de cette littérature de qualité à cause de la répétition du procédé durant 635 pages et le retour à un grand guignol convenu en fin d'ouvrage - et un vrai livre bien écrit.
Mauvigner, Laurent - Histoires de la nuit - Éditions de Minuit 2022
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