"Comme
tu sais, un enfant transforme son désir en action sans le moindre
scrupule. S'il est faché contre son chat, il va lui dire « Je vais te
tuer », et lui taper sur la tête à coups de marteau. Ensuite il aura
le cœur brisé parce que son chat ne revient pas à la vie. Beaucoup
d'enfants ont essayé de sortir un bébé de son landau pour le noyer, pour
la seule raison que le nourrisson captait toute l'attention des autres
ou se mettait en travers de leurs plaisirs. Ils arrivent - très tôt - à
un stade où ils apprennent à savoir que ça, c'est «mal », parce que ça
entraîne une punition. Plus tard, ils acquièrent le sentiment que c'est
effectivement mal. Mais je soupçonne que certaines personnes ne
parviennent jamais à cette maturité morale. Elles savent bien que c'est
mal de commettre un meurtre, mais elles ne ressentent pas ce mal. Si
j'en juge par mon expérience, les meurtriers n'éprouvent jamais de
remords. C'est là, sans doute, la marque de Caïn. Les meurtriers sont à
part, ils sont différents... le meurtre est un mal, mais pas pour eux...
Pour eux il est nécessaire. C'est la victime qui l'a réclamé. C'était
le seul moyen."
Pages 125-126
Encore attrapé par une intrigue à la résolution inattendue et cruelle. Agatha toujours aussi étonnante et stylée.
Christie, Agatha - La maison biscornue - Le Masque éditeur.
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