mercredi 17 janvier 2024

Littérature et pouvoir

"... car c'est ainsi que m'apparaissent les écrivains, comme des fabricateurs de chevaux de Troie." 

Entre littérature, politique et réflexion critique, ces textes sont d'abord un travail somptueux d'écrivain, un chantier sur les mots et les phrases, le vocabulaire et la syntaxe, autrement dit sur le pouvoir et la domination : une mise en forme du langage se prenant elle même pour cible critique afin de mieux faire la critique des forces dominant le langage et les structures sociales. 

 "Tout travail littéraire important est au moment de sa production comme un cheval de Troie, toujours il s'effectue en territoire hostile..." 

C'est donc avec Nathalie Sarraute, Virgile, Proust, Benveniste et quelques autres que Wittig explore le chaos de l'écriture d'un livre et comment le langage littéraire impacte la réalité autant qu'il est impacté par les structures sociales dans lequel il se déploie. Le dernier texte se présente comme l'aboutissement des précédents, avec un sommet vers la page 138 : Wittig y analyse le concept de genre comme catégorie politique et comme "un instrument qui sert à constituer le discours du contrat social", en rappelant l'évidence qu'aussitôt qu'un locuteur actualise un discours, il y a manifestation du genre, et que cette manifestation est une mesure de domination et de contrôle. 

Ce livre peut donc se lire comme un complément subtil ou une introduction à la lecture des romans de Monique Wittig ainsi qu'à son ouvrage majeur - "La pensée Straight" -, mais aussi comme un texte central de sa réflexion. Ce texte difficile est bien édité, avec préface, notes, notices et index.

Monique Wittig. Le chantier littéraire. PU Lyon 2010


 

 

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