Après
ses trois premiers livres promouvant les pronoms on, elle et je,
(œuvres que j'ai déjà évoquées sur sonneur.fr), Wittig prend ici pour
modèle la Divine Comédie de Dante.
S'apprêtant à découvrir l'enfer, elle ne sera pas accompagnée par
Virgile (d'où le titre du livre) mais par Manastabal, dans une entrée
qui ne sera pas celle de la forêt obscure mais celle du plein vent.
Nos deux amazones découvrent bien vite que le premier cercle de l'enfer
est une laverie automatique, et que le lieu ici décrit est une version
fantastique du monde de leur époque dans lequel elles doivent d'abord
affronter le rejet de leur altérité et l'intolérance.
Les âmes damnées, sans doute parce qu'elles sont privées du langage de
la bienveillance, combattent sur un ring et sont vendues aux enchères.
Il faut dépasser la moitié du livre pour trouver une vision de cauchemar
qui ressemble à celles que l'on trouve dans l'œuvre de Dante : c'est le
lac aux suicidées, près duquel la voyageuse narratrice laisse exprimer
sa détresse.
Au fil des quelques romans qu'elle a produits, Monique Wittig a
construit une œuvre littéraire originale et à forte puissante poétique,
précédant puis accompagnant son œuvre d'essayiste et ses combats
sociaux.
Ce quatrième livre prend une forme narrative en apparence plus
classique, s'éloignant des recherches du nouveau roman pour aller vers
l'allégorie, et c'est très beau.
Monique Wittig. Virgile, non. Éditions de Minuit.
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