Voici
donc le premier écrit de Philippe Sollers en publication posthume. Il
faut donc se dégager de l'émotion première de lire un auteur qu'on avait
l'habitude de fréquenter de son vivant, pour faire autrement : il en
sera de même maintenant pour Milan Kundera...
Les lecteurs de Ponge et Sollers ne s'étonneront pas de retrouver, au
début de cette lecture, la qualité de l'écriture de l'un et de l'autre,
dans un parfait français classique qui paraît, à première vue, éloigné
des parties "expérimentales" de leur production littéraire.
Cette correspondance est une belle et instructive incursion dans la vie
littéraire, critique et éditoriale des années 60 à 70, qui est aussi la
période du structuralisme et de la revue "Tel Quel".
On y découvre au début un Sollers à la santé fragile, frôlant la mort
dans un accident de voiture, affecté à divers titre par la guerre
d'Algérie, qu'il évitera.
On y lit la rivalité avec la Nouvelle Revue Française, les liens avec
Jean Paulhan, André Malraux, Breton, Mauriac et bien d'autres et on
s'étonne de la surprenante différence d'appréciation entre les deux amis
à propos de Céline et de son "Voyage au bout de la nuit".
On a l'aperçu de ce qu'était la direction d'une revue d'avant-garde à
l'époque, et des divergences plus politiques que littéraires qui on fait
s'éloigner progressivement les deux amis.
On y aperçoit aussi la "capitalisation" des maisons d'édition, leur
concentration et les pouvoirs et rapports de l'argent avec la création
littéraire.
Un bel échange épistolaire entre deux maîtres de la littérature du XXème
siècle.
Correspondance : 1957-1982. Francis Ponge. Philippe Sollers. nrf Gallimard 2023
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