lundi 15 janvier 2024

Seigneur, que cela ne me soit pas égal

Seigneur, que cela ne me soit pas égal

L'Ukrainien Stanislav Asseyev a été détenu pendant deux ans, en 2017 et 2018, au camp d'internement d'Isolatsia à Donetsk, à l'ouest de l'Ukraine dans le Donbass.
Il raconte dans ce livre ce qui se passe dans ce camp, les tortures physiques et psychologiques, le désespoir, la tentation du suicide, les violences faites aux femmes et aux hommes, dans une institution carcérale officieuse régie par un "code" absurde et insensé. Cet écrit est plus qu'une description de l'horreur, il constitue aussi une vraie réflexion sur les limites de l'humain, pensée s'appuyant sur les compétences en philosophie de l'auteur. Les mécanismes de défense (clivage, rationalisation, déni psychotique,...) mis en place par les détenus sont bien décrits, ainsi que l'effrayante performance de l'imagination des bourreaux mettant en œuvre des tortures auxquelles même Sade n'avait pas pensé.
Ce livre, même s'il n'est pas un classique du genre parce que trop récent, est à ranger sur l'étagère à côté de "Si c'est une homme" de Primo Levi, de "L'espèce humaine" de Robert Anthelme ou les "Récits de la Kolyma" de Varlman Chalamov.
Parce qu'en tous temps et tous lieux, l'homme reste un loup pour l'homme.
Ça se passe de nos jours, dans le Donbass, à l'est de l'Ukraine...
Nous prenons donc à notre compte, en lisant ce livre, la prière de l'athée rédigée par Asseyev à la fin de son récit : "Seigneur, que cela ne me soit pas égal".

 

Asseyev, Stanislas - Donbass, un journaliste en camp raconte - Atlande 2021 



 

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