L'écrivain
prend le train et prend des notes, refaisant le même trajet chaque
semaine pendant tout un hiver.
Le dispositif d'écriture est basé sur l'approfondissement lié à la
répétition hebdomadaire des visions, renouvelant ainsi de manière
moderne la forme ancienne de la description littéraire du paysage.
Se répètent des noms de villes, des bâtiments d'usine, des maisons
particulières, des jardins, des traces de l'histoire... Peu de
personnages dans ce défilé, ce qui remet l'humain à sa place d'occupant
solitaire de la nature.
Apparaissent des questions sans réponses, des énigmes fugitives, des
incongruités en lien avec ce survol visuel.
L'écriture garde les traces du dispositif (la prise de notes) mais est
néanmoins travaillée avec pour résultat un texte original aux résonances
contemporaines laissant transparaître les souvenirs biographiques de
l'auteur.
Bien loin de la littérature de gare, François Bon prend le train d'une
littérature expérimentale accessible à tous. Son livre nous rappelle
l'impression qu'on a déjà pu avoir, en voyageant par rail, d'observer
des paysages dystopiques ou de science-fiction. L'auteur appuie sa
démarche avec des références à Nerval, Balzac, Julien Gracq et Simenon :
il est en bonne compagnie.
On lira avec profit, sur l'Internet, les expériences proches de Anne
Savelli et Pierre Ménard ("Laisse venir").
François Bon. Paysage fer. Verdier 2000
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