mercredi 17 janvier 2024

Visages de feu de la nuit océane

"Si les prophètes faisaient irruption / par les portes de la nuit / et cherchaient une oreille tel un pays natal - / Oreille de l'humanité / Ô toi, envahie d'orties, / entendrais-tu ?

Nelly Sachs (1891-1970), contemporaine de Paul Celan, ayant de justesse échappé aux nazis en 1940, fait partie des artistes ayant apporté une réponse à la question de Hölderlin (A quoi bon des poètes en temps de détresse ?), question renouvelée par le philosophe Theodor Adorno après la guerre (Peut-on encore écrire après Auschwitz ?). 

Elle le fait dans des textes forts et puissants s'appuyant sur ses lectures de la bible, mais aussi de la kabbale, des écrits hassidiques et de Hölderlin. Si l'on considère que le langage comme simple convention échoue toujours à dire toute la vérité, il ne peut que s'en approcher. La poésie, ici, relève le défi. Une poésie pour lecteurs avertis, qui n'ont pas peur que la nuit et le brouillard reprennent possession d'eux-mêmes, et ne craignent pas de ne pas oublier. 

 "Peuples de la terre, / ne détruisez pas l'univers des paroles, / ne découpez pas avec les couteaux de la haine / le son qui fut enfanté en même temps que le souffle." Traduction Mireille Gansel

Sachs, Nelly. Exode et métamorphose. nrf Poésie/Gallimard 2023




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