jeudi 18 avril 2024

Woolf 1937 : eaux de pluie

Virginia Woolf - Les années - Folio N°4651

À Londres au printemps, dans la ville qui s'anime, ou bien à  une autre saison, "Tournoyant sans hâte, comme les rayons d'un projecteur, les jours, les semaines et les années passaient les uns après les autres à travers le ciel." 

Woolf semble, après "Les Vagues", revenir à une forme plus proche de ses deux premiers romans ("La traversée des apparences" & "Nuit et jour") : mais c'est avec l'expérience acquise qu'elle déploie une chronologie fragmentée et décrit des réunions familiales à une époque où l'on communiquait par lettres deux fois par jour et où l'on se réunissait pour le thé ou la soirée à passer autour des histoires et des ouvrages à lire ou réaliser, et qu'elle fait de la ville (Londres) un thème de roman vivant et brillant. 

Le contraste est grand entre l'atmosphère apaisée du roman et les difficultés à l'écrire dont Woolf fait part dans son journal : quatre ans de labeur, avec des périodes de dépression et de découragement, etc. 

Mais on peut s'installer sans crainte dans son fauteuil club anglais pour laisser ces fragments de temps imprimer en soi la douce mélancolie du récit des vies qui passent, dans ce livre à propos duquel on lit parfois qu'il est le plus proustien des romans de Woolf.  Marcel et Virginia ? L'association paraît saugrenue, mais les lecteurs de l'un apprécieront l'autre et inversement, et y retrouveront le thème de la mémoire, du temps qui passe ainsi qu'une soirée mondaine avec ses têtes grisonnantes, thèmes évidemment traités différemment selon Proust ou Woolf : en fin de roman, les cheveux blancs d'Eleanor valent bien ceux d'Oriane de Guermantes...

Les deux sont dans notre Panthéon littéraire.

Woolf 1937

 

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