dimanche 23 juin 2024

Dante à Paris et à Londres

George Orwell – Dans la dèche à Paris et à Londres - 1933

Au début de la lecture de ce texte de George Orwell (1903-1950) publié en 1933, on ne peut s’empêcher de penser aux ouvrages de Jack London (Le Peuple de l’abîme 1903 ; Les Vagabonds du rail 1907) et à Albert Londres (Au bagne 1923, Chez les fous 1927).

L’ouvrage d’Orwell, qu’on lit dans l’édition de la Pléiade, a ses originalités et intérêts propres. C’est le livre d’un écrivain qui a vécu de l’intérieur ce dont il parle, qui a vécu, à Paris et à Londres, dans la misère la plus totale et la plus sordide.

Les descriptions de cette misère sont saisissantes, le lecteur est pris dans cet enfer grâce au talent d’écrivain de l'auteur, mais aussi par les visions dantesques de la misère quotidienne dans les années 20-30 du XXème siècle.

Orwell nous apprend bon nombre de choses sur l’état de misère, sur la faim bien sûr, mais aussi sur l’ennui, sur le fait que l’état de vagabond était, à Londres, obligé par les lois qui empêchaient les miséreux de passer plus d’une nuit dans un asile. Il rédige des descriptions étonnantes de l’envers du décor des restaurants parisiens de l’époque, dans lesquels il suffisait d’ouvrir une porte pour passer d’un univers luxueux de la représentation à l’ambiance sordide et crasseuse des arrière-cuisines.

L’écrivain nous gratifie de portraits bienveillants des humains qu’il rencontre et nous retranscrit les histoires qu’ils racontent, les récits de vie qu’ils partagent. Il décrit aussi les asiles de nuit et la manière dont la société de l’époque traitait les miséreux.

Vers la fin du livre, il nous offre le cadeau d’une belle chanson féministe chantée par deux mendiants.

Orwell tire les leçons pour lui-même de cette tranche de vie parmi les miséreux, et fait un sort à tous les préjugés dont ils sont victimes. Il fait aussi acte politique en esquissant ce qui pourrait, au niveau social, améliorer le sort de tous ces vagabonds et atténuer les effets de la pauvreté.

Ce livre devrait faire partie de la culture de tous ceux qui ont la prétention de nous gouverner.

 

Orwell 1933

 

Orwell Pléiade

 

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire