La balade du Grand Macabre - MIchel de Ghelderode 1935 - Folio Théâtre N°79
Sur le thème de la Mort en balade, Michel de Ghelderode nous offre avec
"La balade du Grand Macabre - 1935" un texte qui nous fait sortir de
l'Enfer de Dante pour entrer dans un tableau de Brueghel.
Écrite au moment de l'avènement du nazisme en Europe, cette farce de la
fin du monde met en scène les obsessions de la mort de l'auteur, mais
est aussi une étrange critique sociale de son époque, ainsi qu'une pièce
joyeuse qui finit bien.
Le plus frappant et le plus intéressant, c'est la langue que met en
œuvre Michel de Ghelderode pour nous entraîner dans son moyen-âge
trompeur. Guy Goffette dans sa préface évoque Rabelais et Céline à
propos du style : c'est bien vu et sans doute exagéré, mais Ghelderode
déploie néanmoins une langue farcesque somptueuse et dérangeante, drôle
et salace, moqueuse et critique, finalement joyeuse, pour mieux tromper
les aspects mortifères de son époque.
Le pouvoir, la justice, l'institution du couple, le mensonge dictatorial
passent à la moulinette critique dans ce texte qui ne boîte - comme ses
personnages imbibés - que par les quelques traces de la misogynie de
son auteur.
C'est du théâtre, et il faut donc adapter sa lecture en conséquence,
avec la lenteur nécessaire au déploiement de l'imagination visuelle
qu'il requiert.
Cet texte réjouissant est à lire en écoutant le fabuleux l'opéra "Le
Grand Macabre" de Gyorgy Ligeti (1978) - dans la version Howarth 1991 -, œuvre détonante inspirée par la pièce de Ghelderode.
Chacun des actes de l'opéra y est introduit par une fanfare de klaxons,
ça décoiffe...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire