vendredi 28 mars 2025

Espace Perec 2024 (Claro)

 Une seule lettre vous manque 2024.


Premièrement sous l'aile de Proust et de Poe, Christophe Claro nous entraîne, dans sa belle prose poétique, dans un chemin de traverse, en questionnant le manque, le trou, l'absence et en formulant l'hypothèse que dans "La disparition", Perec invente la traduction. 

Claro choisit donc de creuser un thème qui renvoie à son propre travail de (grand) traducteur, et plus largement de questionner le langage et ses illusions en donnant une valeur transitive au verbe disparaître. 

Comme Perec, il joue lui aussi : il nous propose d'abord une retraduction en français d'une traduction en anglais d'un texte de Perec, puis retransforme en lipogramme cette traduction de traduction pour finir par repartir de l'original en remettant la lettre "e" : le jeu est jouissif et vertigineux mais permet un parcours réflexif et poétique sur l'absence, la perte, le deuil, et permet à l'auteur de rappeler que nous ne savons pas lire, que nous avons besoin des livres pour apprendre à lire. 

Après quelques belles et émouvantes variations, Claro se fait lacanien en nous rappelant qu'il manque toujours quelque chose, que le langage échoue toujours à dire quelque chose de la vérité de l'être : "Peut-être que mourir n'est pas la même chose que disparaître, peut-être que disparaître n'est pas tout à fait mourir, est autre chose, et que philosopher c'est non seulement apprendre à mourir, mais également à faire la différence entre mourir et disparaître."

C'est le N° 5 sur 53 de la collection 53 des éditions L'Oeil ébloui. 

Christophe Claro 2024


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