Le
récit semble, au début, nous entraîner dans un polar rural se déroulant
quelque part dans l’anse de l’Aiguillon, en pays marécageux, avec l’île
de Ré en ligne de mire : mais c’est plus compliqué que cela.
On reconnaît rapidement dans la forme de la narration l’influence de
Faulkner, et le fond fait référence à Dostoïevski, selon l’auteur
lui-même. Au milieu du roman, Louis-Ferdinand Céline fait même une
apparition avec son chat, et il y a des démons exotiques. Le drame se
résoudra en fin de livre avec l’apparition d’une autre référence dont on
laisse ici la surprise.
Cinq personnages : deux sortent de prison et ont emmené l’enfermement
avec eux, le souvenir de l’incarcération prend donc une part importante
de la narration. Un autre cite Cervantès fréquemment et est hanté par
les souvenirs des camps de la mort. La mère élève des chiens et la fille
ne parle plus depuis longtemps.
Tous les personnages sont donc enfermés, d’une manière ou d’une autre,
et cela s’oppose au paysage, ouvert sur la mer et battu par les vents.
Un disparaîtra, d’autres iront s’enfermer d’une autre manière, un est
comme le chœur de la tragédie antique et a le dernier mot.
La marée monte.
François Bon. Le Crime de Buzon. Éditions de Minuit, 1986
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