lundi 15 janvier 2024

Obscurcir l'obscurité

Obscurcir l'obscurité  
 
Cela commence avec le rappel d'une citation célèbre de Lao-Tseu qui parle d'obscurcir l'obscurité, cela continue avec un chat et un concept, celui de littérature nyctalope, une littérature qui s'écrit entre deux mondes et ouvre à une écoute suraiguë. Lorsque Quignard est cité (« Tout ce qui peut se dire, autant le taire »), cela ressemble un peu à la fin du Tractatus Logico-Philosophicus de Wittgenstein. Les oxymores abondent pour approcher " l'opaque de la transparence ", la venue de la signification n'est pas sans un abord poétique, mais aussi philologique et étymologique de la langue, où les étoiles sidèrent et où se déploie la rhétorique spéculative de Quignard, qui construit ainsi l'une des œuvres les plus originales et mystérieuses de notre temps. Les grands textes amènent à la grande écriture critique. Mireille Calle-Gruber fait le choix " d'une écriture adressée à l'écriture ", à " faire l'expérience du texte et à transmettre cette expérience ". Ce tâtonnement critique semble ici le seul chemin possible pour entrer dans l’œuvre de Quignard, par une porte dérobée. On s'abandonne avec délices au labyrinthe de l’écriture critique, ainsi qu’à l’écriture apocryphe de Quignard, qui donne sa langue au chat. 
 
Mireille Calle-Gruber - Pascal Quignard ou Les leçons de ténèbres de la littérature - Galilée 2018
 

 

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