Quel petit vélo à guidon chromé au fond de la cour ? 1966.
Un long titre pour un texte court plein de fantaisie. Le narrateur fait partie d'une bande d'amis plutôt maladroits et déjantés qui essaient d'aider l'un d'entre eux à échapper au service militaire en Algérie.
L’édition dans la Pléiade, dans sa notice (Yannick Séité) insiste sur les aspects précisément autobiographiques de ce texte, ainsi que sur l’influence du Séminaire de Roland Barthes de l’année 1964-65.
Publié en 1966, le sujet (la guerre d'Algérie) est encore brûlant et Perec avance doublement masqué : on peut se demander si les aspects formels de son récit (la loufoquerie, le catalogue des figures de rhétorique...) ne cherche pas, en atténuant l'aspect contestataire du propos, à éviter les possibilités de censure actives à l'époque (on pense à Guyotat, Aleg...) ; mais plus sûrement d'autre part, derrière l'évocation de la guerre d'Algérie se profile, dans le poème des dernières pages, l'évocation des camps d'extermination nazis.
Encore une fois chez Perec, il y a le texte derrière le texte. Cette guerre de décolonisation (1954-1962), traumatisante pour toute une génération, venait s'ajouter aux horreurs vécues à peine vingt ans plus tôt par les victimes de la Shoah, en était encore comme un écho résonnant de manière sourde durant les années 60.
Perec, derrière la fantaisie, appuyait là où ça fait mal et continuait l'exorcisme d'une partie de sa biographie.
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