lundi 7 avril 2025

Espace Perec 1975 (Place Saint-Sulpice)

Tentative d'épuisement d'un lieu parisien 1975.

Un homme, un écrivain, erre place Saint-Sulpice à Paris, au début des années 70 du XXème siècle. Il prend des notes sur ce qu'il voit, va s'asseoir fréquemment dans le Café de la Mairie, qu'il a choisi comme poste d'observation. Rien de nouveau, me direz-vous : des promeneurs parisiens, la littérature en connaît d'autres. Sauf que celui-là se nomme Georges Perec.

Le 19 octobre 1974 à Paris, une femme mangeant une part de tarte traversait la place Saint-Sulpice : elle figure maintenant pour l'éternité dans un livre de Georges Perec.

La tentative de description, si elle se voulait exhaustive, paraîtrait totalitaire et vouée à l'échec : mais ça n'est pas tout à fait ça, nous dit Perec, il s'agit de décrire le reste, ce qu'on ne note pas habituellement, ce qui n'a pas d'importance. Une démarche qui se rapproche de son livre "L'infra-ordinaire".

On laisse aux amis écrivains et universitaires la réflexion sur les enjeux littéraires d'un tel écrit et on le lit avec nonchalance.

Le texte a un demi-siècle maintenant et il est probable que le lecteur contemporain ne le lit pas comme il pouvait être reçu en 1975, de même que le provincial ne le lit pas comme le parisien qui connaît bien cet espace : il a la patine du décor de l'époque, il est devenu pour nous, lecteur naïf et excentré, un beau poème parisien.

Comme pour "Je me souviens", le temps qui passe implique à long terme pour ce texte une sorte d'effacement, de disparition - des thèmes chers à Perec - car il arrivera un jour où ces lieux et les comportements qu'ils contiennent, comme la rue Vilin de son enfance, auront tellement changé qu'on ne les reconnaîtra plus.

 

Perec 1975

 

CVB, CC BY-SA 4.0 <https://creativecommons.org/licenses/by-sa/4.0>, via Wikimedia Commons

 

 

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