Relire "Reconnaître le fascisme" de Umberto Eco et sa liste célèbre de quatorze caractéristiques permettant de l'identifier.
Et cocher les cases...
Ce
livre bref n'est pas qu'une simple énumération synthétique des
caractéristiques de ce que Eco nomme l'Ur-fascisme, mais s'appuie
d'abord de manière émouvante sur ses vécus personnels durant son enfance
et sa jeunesse, qu'il évoque brièvement et pudiquement, avant de mettre
en avant sa science de l'analyse.
Les quatorze caractéristiques pour reconnaître le fascisme primitif et éternel, selon Umberto Eco (résumé) :
1.
Le culte de la tradition, dans lequel il ne peut pas y avoir d'avancée
du savoir, la vérité ayant déjà été énoncée une fois pour toutes.
2. Le refus du modernisme, lié à l'idéologie du sang et de la terre et le rejet des idées des Lumières.
3.
Le culte de l'action pour l'action, impliquant la mise à l'écart de la
pensée, la méfiance envers la culture et le monde intellectuel.
4. Le refus de l'esprit critique, croyant que le désaccord est trahison.
5. La culture de la peur de la différence, impliquant le racisme et le rejet de l'autre différent.
6. L'appel aux classes moyennes frustrées.
7. L'obsession du complot en lien avec le nationalisme et l'appel à la xénophobie et à l'antisémitisme.
8.
Rhétorique de l'ennemi fort et faible. Les disciples doivent se sentir
humiliés par la richesse ostentatoire et la force de l'ennemi, qui doit
néanmoins pouvoir être vaincu.
9. Le pacifisme est mauvais car la vie est une guerre permanente. La bataille finale amène le contrôle du monde.
10.
L'élitisme populaire. Tout citoyen appartient au peuple le meilleur du
monde. Le leader est dominateur face à la faiblesse des masses.
11. Culte de l'héroïsme et de la mort. Où chacun est éduqué pour devenir un héros.
12.
Transfert de la volonté de puissance sur les questions sexuelles.
Impliquant le machisme et l'intolérance envers les mœurs sexuelles non
conformistes.
13. Le populisme qualitatif. Le peuple n'est plus qu'une fiction théâtrale, cela amenant à l'anti-parlementarisme.
14.
Le fascisme parle la "novlangue", impliquant un lexique pauvre et une
syntaxe élémentaire, les formes de novlangue pouvant prendre l'aspect
innocent d'un populaire talk-shaw.
Un bel outil de réflexion et d'analyse.